Les Humains racontent qu'ils transmettent l'Histoire pour se souvenir et ne jamais reproduire les erreurs du passé.
"Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre" Winston Churchill
Cette belle leçon devrait aussi être véhiculer chez nous les rats, car notre Histoire est intiment liée à celle des Hommes, même si pour eux nous ne sommes considérés que comme des nuisibles.
Notre Histoire n'est pas toujours non plus très glorieuse, preuve en est dans le texte de Valentine Goby Kinderzimmer, qui raconte l'histoire de femmes au sein d'un camp de concentration, Ravensbruck, lors de la seconde guerre mondiale.
Attention âmes sensibles s'abstenir, le passage qui va suivre, fait partie de ses innommables, que nous voudrions plutôt oublier, que de raconter, que l'on ne s'imagine, et pourtant qui ont réellement existé.
"Irina maigrit, elle passe ses nuits couchée sous les châlits de la Kinderzimmer à chasser les rats affamés : ils griffent les bébés au sang, grignotent leurs phalanges, leurs lobes d’oreille, leurs orteils, leurs nez, toute excroissance où planter les dents. Une fois, Mila voit Schwester Elena soulever les nourissons dans la Kinderzimmer, embrasser leurs joues, leurs ventres rebondis, leurs cuisses nues et bleues en riant de joie, et même en bercer un, les lèvres appuyées sur son front laiteux, on dirait une mère. Elle froote son nez contre le nez minuscule, un baiser esquimau, il y a dans ses yeux un éclat, une lumière effrayants tant elle semble sincère. Mais quand Schwester Elena découvre la petite Tchéque lacérée de plaies violines, brassiére poisseuse de lymphe, le nouveau-né hongrois aux narines rongées, les mains lépreuses, elle écarquille les yeux puis comprend - les rats - et a un sourire amusé : wie Schade ! quel dommage ! Elle appelle Schwester Eva, Eva, komm und sieh ! L'autre accourt, voit. Sabine demande du poison, Rattengift bitteschön. Für die Kinder ? Pour les enfants ? demande Schwester Elena. Puis elle secoue la tête avec un petit rire: Nein, nein, Ratten lieben frisches Fleisch ! - pas de poison pour les enfants, les rats préfèrent la chair fraîche."
Kinderzimmer, Valentine Goby, Éditions Actes Sud
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